Agnès Pataux

C’est par le choix du format carré d’un modeste Yashica Mat 6x6 que je suis devenue photographe. L’image s’y structure sans échappatoire. L’inébranlable stabilité du carré offre un cadre à l’image en recherche d’éternité. Le noir et blanc argentique, ma seule pratique, ne retient pas les fugaces variétés de teintes des saisons. Comme la littérature à ses lecteurs, il propose au spectateur une « lecture entre les lignes ».

En quête de sens et de ravissement, je commence habituellement par une immersion dans un milieu qui m’intrigue et m’émeut. Autodidacte, je suis une intuition, une progression empirique, guidée par un enchaînement de rencontres. J’arpente des territoires grandioses dont la force et l’immensité apaisent mon désarroi et le ramène à de justes proportions.

Mes photographies sont des portraits. Portraits de lieux et d’individus ayant une identité propre, qu’il m’importe d’isoler pour la faire échapper à l’anecdote et l’investir ainsi d’une portée emblématique intemporelle.

Qu’elles soient d’Irlande, d’Afrique, de France ou d’ailleurs, mes photographies ne poursuivent qu’un seul Sujet : Montrer ce qui est. Montrer la matière de ce qui est. C’est en cela que la photographie est pour moi une manière respectueuse d’appréhender le monde et de m’y situer.

Agnès Pataux